- 09/04/2025
Conférence débat
Orléans : belle endormie ou capitale régionale ? Une soirée pour réveiller les ambitions pour notre ville
Le titre avait des airs de provocation : « Orléans : belle endormie ou capitale régionale ? » Car au-delà du mot d’esprit, il s’agissait bien de réveiller quelque chose. Une envie, un projet, une ambition collective pour une ville dont les atouts semblent parfois oubliés, même par ses propres habitants.
Organisée par le collectif citoyen Vivons Orléans, la rencontre fut un temps fort de réflexion partagée sur l’attractivité de la métropole orléanaise. Animée par Caroline Janvier, députée de 2017 à 2024, et figure de proue du collectif, et Anthony Morlet-Lavidalie, économiste. Cette soirée fut marquée par des échanges sans langue de bois, mêlant constats lucides et propositions concrètes.
Un contexte local à l’épreuve de l’ambition
Orléans est capitale régionale sur le papier. Capitale du Centre-Val de Loire, plaque tournante économique et universitaire, forte d’un patrimoine historique unique, d’une proximité avec Paris, et d’un bassin d’emploi dense. Pourtant, le sentiment d’un décalage persiste : infrastructures en sommeil, jeunesse en exil, visibilité en berne.
« Orléans n’appartient pas aux élus. Elle est à ses habitants », rappelle Caroline Janvier dans une introduction très applaudie. Pour elle, le statu quo n’est plus tenable : la ville manque une occasion historique de rayonner, en laissant passer des projets structurants, comme l’aménagement du quartier Interives ou le développement culturel autour de Jeanne d’Arc, mais aussi des autres marqueurs symboliques et patrimoniaux qui caractérisent Orléans.
Un plaidoyer pour la fierté et la vision
Face à une image brouillée, Caroline Janvier défend une ambition claire : faire d’Orléans une ville attractive, vivante et fière d’elle-même. Elle appelle à « une intelligence collective, un réveil des énergies citoyennes, des talents, des idées, pour bâtir un projet à 5, 10 et 20 ans ». L’outil métropolitain est au cœur de cette stratégie : il permettrait de porter les sujets clés — sport, culture, mobilité, économie — à l’échelle pertinente.
Et si Orléans a manqué des rendez-vous dans le passé, tout reste possible, affirme-t-elle. À condition d’oser. À condition de faire preuve d’audace.
Un débat nourri et sans faux-semblants
Anthony Morlet-Lavidalie, économiste et enfant du pays, a livré une analyse sans concession. Pour lui, Orléans a perdu son avantage comparatif, notamment en matière de dynamisme économique. Il plaide pour une stratégie plus fine, moins électoraliste, davantage tournée vers l’innovation, la montée en gamme du commerce et la connexion entre université et entreprises.
Les échanges avec la salle ont confirmé ces enjeux. Une commerçante évoque le manque de concertation des commerçants lors de l’organisation d’événements touristiques. Un étudiant défend son université, mais reconnaît la nécessité d’un dialogue renforcé avec le monde économique. Un ancien responsable du tourisme déplore l’absence de stratégie lisible. Tous témoignent d’une même envie : que les potentiels d’Orléans soient pleinement exploités.
Identité, patrimoine, rayonnement : des symboles à réinvestir
Le débat a aussi souligné l’urgence de bâtir une identité forte, une image partagée. Jeanne d’Arc ? Oui, mais pas seule. « Orléans n’est pas que son passé médiéval, c’est aussi la Renaissance, la Loire, la science, la place d’une université parmi les plus influentes dans l’histoire de France», souligne Caroline Janvier. L’enjeu est double : valoriser ce qui fait sens localement et assumer un récit ambitieux tourné vers le monde.
Un projet de musée moderne autour de Jeanne d’Arc, des fêtes repensées, un usage intelligent du numérique : les idées foisonnent. Mais elles appellent une volonté politique, un cap.
Et maintenant ?
Un vote en début puis en fin de séance a résumé l’enjeu. Au départ, une majorité voyait encore Orléans comme une « belle endormie ». À l’issue des échanges, la conclusion est la même,m. Signe que le réveil est nécessaire.
Ce soir-là, c’est un message qui a circulé de chaise en chaise, de micro en micro : Orléans peut devenir la ville que ses habitants méritent. Mais à une condition : cesser d’attendre que cela vienne d’en haut.
Vivons Orléans continuera à faire vivre ce débat. Sur le terrain, dans les quartiers, à travers des ateliers, des consultations, des rencontres. Parce que la politique locale ne doit pas se faire sans les Orléanais. Et surtout, parce que rien ne changera sans eux.
Un projet de musée moderne autour de Jeanne d’Arc, des fêtes repensées, un usage intelligent du numérique : les idées foisonnent. Mais elles appellent une volonté politique, un cap.